Hansjörg Voth, Anna Recker

Lëtzeburger Land, 1983

Lucien Kayser

[…] dans les aquarelles d’Anna Recker, nous sommes en face de pierres qui semblent être là de toute éternité. Des pierres agencées avec science, aboutissant dans leur agencement à quelque mystérieux réseau de chemins ou de galeries, dédale, labyrinthe. Il y a là quelque chose de cyclopéen, comme dans les murailles de Mycènes, d’un autre côté, ces pierres portent souvent une décoration raffinée, en tout cas, elles renvoient, avec leurs traces, à une époque si ancienne qu’elle est sortie de la mémoire. Toutes choses étant définitivement figées. Comme une lumière crépusculaire affleure dans les aquarelles, avec leurs oasis pierreuses entourées du silence des espaces infinis. […] Inutile de demander quel architecte a construit les villes mortes d’Anna Recker, plus personne ne les fréquente depuis longtemps. Ce monde-là est foncièrement inhumain. Il en va tout autrement dans les esquisses, là, les pierres s’entassent pour donner des cabanes, qui ressemblent beaucoup aux
bories du Lubéron, bien plus, Anna Recker en a conçu d’autres, sphériques, sortes de Erd – Himmelszelt, dit-elle, qui pourraient servir aux jeux des enfants, Spielplatzobjekte, avec leur intimité chaleureuse. Au-delà, elle rêve à un Gesamtkunstwerk, synchronoptisches Theater, qui engloberait toutes les expressions, en même temps, arracherait les spectateurs à leur passivité. Là, tout à coup, la vie reprendrait, parmi les pierres où l’on aurait installé les tréteaux.

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