L’impeccable

Le Jeudi 1999

Marie-Anne Lorgé

Réinventer la figure de l’hexagone, lui donner vie, densité et destinée, voilà toute la science d’Anna Recker. C’est ce travail, de dimension spirituelle, techniquement irréprochable, que vient de reconnaître le Prix Grand-Duc Adolphe 1999.

Labyrinthes, impasses, pliages ou dépliages, dissolution, des positions variables infligées à l’hexagone. Le propre du travail est hypnotique, tant il fait communier le spectateur à la naissance et au développement d’un immense réservoir d’énergie cosmique.

Cette préoccupation spatiale accouche donc d’une forme, hexagonale en l’occurrence, qui se prête à des exercices stéréométriques exemplaires. Sur papier-toile, grand format, le résultat libère des interprétations relatives à la structure de curieuses machines volantes ou à des pièces pouvant servir de base à des ouvrages, habitables ou non.

C’est là, dans ce qui tient du rébus aérien, du dallage ou de l’architecture vestige des cités disparues, que se situe le remarquable du traitement pictural. Mélangeant craie, acryl et aquarelle, Anna Recker maîtrise le monochrome animé, la moucheture parfaitement sensuelle, une dimension jumelée aux dimensions incantatoires.

C’est là, dans la texture minérale, dans un accès à la pérennité, que l’hexagone commence à vibrer. Qu’il soit conçu comme monolithe ou perçu comme météorite, toujours il y a poids et trace de l’Histoire des civilisations. De la pensée, de l’image et de l’objet, il y a mouvance ou passage entre les espaces (inter)planétaire et philosophique.

Inclassable, inégalable, Anna Recker, c’est l’art des voyages absolus.

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